Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur : le projet de loi contre les violences éducatives ordinaires à l’encontre des enfants.

Je vous entends déjà : « Oh non ! Encore une qui met son grain de sel. On en a soupé de ce truc-là !!! »

Oui mais… je voudrais l’aborder sous un autre angle : celui d’une personne qui a elle-même été élevée dans un climat de Violence éducative et qui a lutté pour réussir à faire autrement !!!

violences éducatives / Parents - Bébé

Pour commencer mon article, il y a une question que j’aimerais vous poser : « Pourquoi appelle-t-on violences conjugales, les violences faites aux femmes et éducatives, celles faites aux enfants ? »

La plupart des articles de presse appellent cette loi « la loi anti-fessée », c’est un énorme raccourci ! Les violences éducatives ne se résument pas à la fessée. Il s’agit de toute forme de violences physiques, psychologiques ou verbales, dites à visée éducative par les parents, que peuvent subir les enfants durant leur enfance. Autrement dit fessées, claques, tirages d’oreille, douches froides, humiliations, menaces, moqueries, injures et j’en passe !

Traditionnellement en France, ce sont des méthodes qui sont utilisées, justifiées et rentrées dans les mœurs, c’est pour cela que cette loi fait grincer autant de dents… sauf que ces méthodes ont des conséquences sur le cerveau !

violences éducatives / Famille

 

Avant que je ne continue ce billet, je voudrais juste préciser quelque chose de très important. Rien n’est irréversible, rien ! Le cerveau d’un enfant est le plus malléable des organes et se reconstruit, il est toujours temps de faire autrement.

Lorsque l’enfant subit des violences physiques ou verbales, il est alors en situation de stress. Son amygdale cérébrale sécrète du cortisol à haute dose, qui devient toxique pour son cerveau immature. Ce cortisol détruit des neurones essentiels et endommage le développement de circuits cérébraux, empêchant ainsi la maturation du cerveau.

Un adulte, élevé dans un climat de violence toute son enfance, en garde des conséquences sur son cerveau. Je pense réellement qu’un parent violent n’est pas un parent méchant, mais un parent au cerveau abîmé par son histoire (Je parle, bien sûr, des violences éducatives dites ordinaires, pas de maltraitance !).

violences éducatives - Calin

Pour que vous compreniez, je vais vous partager un peu de mon histoire :

Vous l’avez compris, j’ai été élevée dans un climat de violence éducative. Lorsque je suis devenue maman, j’ai reproduit bêtement l’éducation que j’avais reçue : laisser pleurer ma fille si elle hurlait le soir parce qu’elle devait se gérer seule ; les petites tapes sur la main pour les petites « bêtises », une fessée pour les grosses, les cris etc… Deux ans plus tard, mon second enfant est né, et j’ai remarqué une escalade de la violence avec mon aînée. Je me suis mise à reproduire les douches froides pour calmer les crises, des fessées plus fortes, des insultes etc… Jusqu’au jour où j’ai mis la première tape sur la main de mon second qui avait alors 1 an.  Il m’a regardée avec un tel regard de terreur, que je me suis demandé comment je pouvais répéter ce qui m’avait tant faite souffrir enfant.

S’en sont suivis trois ans de luttes contre moi-même et mon mari. J’ai tout essayé pour faire autrement : j’ai lu des tonnes de livres, je suis passée au laxisme à l’excès et mon mari à l’autoritarisme à l’excès, pour contrebalancer…

Durant ma troisième grossesse, j’ai découvert un livre d’Isabelle Filliozat qui a transformé ma vie : J’ai tout essayé. Il m’a parlé immédiatement et les méthodes fonctionnaient.

Mais il y a un mais : Mon cerveau !!!! Il faut savoir qu’il y a trois façons de réagir au stress : la fuite, le figement et l’attaque ! Du fait de mon histoire, mon cerveau était programmé pour attaquer, et de façon incontrôlable !!! Imaginez-vous : Vous voulez instaurer la bienveillance, vous mettez en place plein de choses et, dès qu’un enfant frappe ou hurle, vous vous voyez lui hurler dessus, lui tirer les cheveux et même lui coller une baffe. Mon cerveau avait été longuement sous stress et s’était donc mis en mode survie : On crie, on tape… j’attaque, c’était un automatisme de mon cerveau difficilement contrôlable !!! Il m’aura fallu trois autres longues années, avec diverses techniques – fleurs de Bach, sophrologie, PNL etc… – pour réussir à le dompter et à changer mes réactions.

Voilà pourquoi cette loi est importante ! Pas pour punir ces actes (de toutes les façons, aucune sanction n’est prévue), mais pour changer les mentalités en profondeur, afin que, petit à petit, les violences éducatives sortent de nos traditions. Ce dont il faut toujours se souvenir, c’est que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Chaque parent qui décidera de stopper la violence familiale permettra aux générations suivantes d’établir des relations de qualité, harmonieuses avec leurs enfants, de façon beaucoup plus simple et beaucoup plus fluide.

C’est un travail qui peut paraître insurmontable pour les parents d’aujourd’hui, qui ont toujours fait comme ça et qui, comme moi, luttent pour faire autrement. Mais je peux vous le dire, on finit par y arriver et nos enfants nous le rendent à 3000 %.

J’aurais vraiment aimé que ce projet de loi s’assortisse d’un projet d’accompagnement à la parentalité, offerte par l’Etat, pour toute personne qui devient parent ou qui souhaiterait être accompagnée dans sa démarche de sortir de la violence.

violences éducatives - Fillette dans la Nature

Aux parents qui lisent ces lignes, je peux vous donner déjà une piste … Le premier pas vers la sortie des violences éducatives, c’est de prendre soin de vous ! Prendre le temps de respirer, de prendre l’air, confier ses enfants à un parent, une amie, pour s’apaiser, c’est le premier pas vers la guérison de votre enfant intérieur. Observez vos réactions, vous prendrez très vite conscience que chaque claque, fessée ou cri est précédé d’une période de stress ! En apaisant votre stress, vous diminuerez déjà ces actes, qu’au fond de vous, j’en suis persuadée, vous ne souhaitez pas ! Je reste convaincue qu’aucun parent ne souhaite consciemment frapper son enfant, il le fait car il se sent démuni et sans aucune autre solution.

Et pour celles et ceux qui aimeraient être accompagnés sur le chemin d’une parentalité sans violence, voici le lien du site des ateliers Filliozat dont je suis animatrice. Vous y trouverez des ateliers au plus près de chez vous .